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Mon côté de la barrière
20 juillet 2016

Nom de Zeus

retour

"La route? Là où on va, on n’a pas besoin de route!"

 

Sur le parking de la maternité, m'attendait la Dolorean. Adossé à la portière, Doc me faisait de grands signes pour que je vienne à lui.

Bien agité, il s'empressa de me donner ses instructions avant de me lancer dans l'inconnu. Une seule directive: avancer, coûte que coûte.

 

"Nom de Zeus mummy, tu es prête pour les voyages dans le temps !"

 

Perplexe, j'ai installé mon bébé sur la banquette arrière (dans le siège auto supra technologique, modernité absolue, endettement sur 5 ans) et je me suis mise au volant. Nul besoin de Plutonium non, j'avais déjà en réserve du collostrum, meconium ou post-partum, largement de quoi te faire perdre la notion du temps.

J'ai tourné le contact, la Dolorean a démarré en trombe, mon odyssée commençait. Aucune ligne droite, des paysages qui défilaient tous les uns après les autres et puis....

 

... Pop!

Il me semble avoir 12 ans, comme à mon entrée au collège je suis perdue et terrorisée. J'ai un bébé dans les bras, tout m'est inconnu et je me sens difficilement capable de tout comprendre, de faire face à la nouveauté qui se dresse devant moi.

La cloche sonne (bébé pleure). J'ai le noeud au ventre, pas bien certaine d'être prête. Je n'ai pas le choix, je dois avancer d'un pas décidé. Telle une nouvelle élève à l'école de la vie, j'apprends à devenir une maman, je suis la formation consciencieusement, je loupe quelques modules, je me plante et je recommence.

Années après années, je prends de l'assurance, je m'adapte, j'innove et je m'instruis. Chaque jour est une exploration, un challenge.

J'accélère, la Dolorean ne faiblit pas.

 

... Pop!

50 ans peut-être?

Les jeunes adultes m'appellent madame. Mes enfants deviennent de plus en plus autonomes. Leurs réflexions me clouent le bec. Les évènements me dépassent.

Il y a encore peu de temps, je faisais resserrer les bagues de mon appareil dentaire, j'apprenais par coeur les paroles de Menelik et j'écrivais des "big bisous bien baveux" dans les agendas de mes copines.

Aujourd'hui les courriers des impôts ne sont pas rédigés au crayon rose paillettes, j'ai une crème de jour, une crème de nuit, je me préoccupe des promotions, prends un lot de deux lessives pour le prix d'une et il y a bien longtemps que Beyoncé poursuit sa carrière en solo.

 

... Pop!

15 ans certainement.

J'ai les pensées vaporeuses et un sourire béat qui ne me quitte pas. Ses bras m'entourent, me bercent, m'enrubannent. Je suis soudain adolescente, légère, emplie d'un bonheur insolent. A cet instant, plus que n'importe quand, l'horloge n'a plus d'aiguille, le temps se disperse, se dysloque, s'évanouit.

A cet instant, mon coeur se détache de ma poitrine, chaque infime partie de mon corps est en émoi. Tout à l'intérieur est en ébullition, toute parole crée une vague, suivie d'un regard qui la transforme en ras de marée. Je flotte, je navigue, au gré du courant de nos rires et de notre tendresse.

 

... Pop!

Le décor change. Des étoiles dans les yeux et de la vapeur d'alcool, elles et moi avons 20 ans et dansons la vie comme si elle était éternelle.

Le monde se refait au fil de nos discussions et de nos verres, la nuit s'éternise et nos années avec.

Ensemble, le temps n'est plus qu'informel, il ne nous atteint pas. On se fait rire, on se console, on se connaît par coeur. Ensemble tout est une promesse, une force, un projet.

Plus que jamais notre amitié devient le roseau face au vent.

 

... Pop!

30 ans. En selle pour une nouvelle aventure professionnelle.

Yeux presque bandés, lancée dans le vide. Au bout de la côte, le ravin, l'inconnu, le danger et l'insolite.

J'ai deux choix, appuyer sur l'accélérateur ou enclencher la marche arrière.

Le stress devient euphorisant, je prends une grande respiration et j'appuie très fort sur la pédale de droite. 

 

--

Au fond je n'ai pas d'âge, ma destinée est hasardeuse et les sacoches de ma vie sont pleines à ras bord.

Seule au volant de mon bolide magique, j'ai été embarquée dans un voyage temporel hallucinant. Je n'avais pas conscience de ce qui allait se dérouler devant moi.

Le décor et les visages se dessinent à mesure que j'avance. Parfois je prends l'autoroute, parfois je freine un peu. Le béton n'est pas toujours lisse, je fais face à des creux, des voies sans issue et les virages me filent une trouille bleue.

 

J'ai souvenir des premières instructions de code de la route, de la prudence qu'on m'a conseillée d'employer souvent.

 Mais sans le risque, la vitesse et les chemins que tout le monde n'a pas empruntés, il n'y a aucun intérêt à faire ce voyage. 

 

Ainsi va mon périple.

 

 

Il me tarde de connaître mes prochaines destinations.

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20 juillet 2016

"Tu as déjà deux beaux enfants !"

paciencia-mujer-columpio-1

Argument number one face à mon statut de maman solo. J'ai déjà deux enfants.

Et même qu'effectivement ce sont les plus beaux du monde.

J'assume d'être de celles qui voient leur progéniture comme de divines créatures aux traits parfaits.

Par conséquent qui inondent leurs réseaux sociaux de clichés des deux sujets angéliques dans toutes les situations quotidiennes possibles, imaginables et pour la plupart du temps complètement inintéressantes pour quiconque n'aurait pas pondu les deux chérubins en question.

Je ne sais pas tricoter, démonter un pneu, faire un scoubidou ou toucher mon nez avec le bout de ma langue, mais ça c'est quelque-chose dont je me vante avec la plus grande prétention du monde.

Oui, mes gosses sont magnifiques.

Il semblerait qu'à cette fin, j'ai atteint le but ultime de ma vie. J'ai enfanté, j'ai assuré la descendance.

De femme je suis donc normalement passée à la case mère, j'ai lancé les dès, je n'ai pas touché 20000 francs (pardon je suis née dans les années 80) et désormais je dois continuer la partie, riche de mes mômes sur le dos.

Just a question... Avant eux, j'étais moi, non ?

Je te remercie je l'avais presque occulté.

Une semaine sur deux je mets le tablier, je rentre dans le moule.

Puis une semaine sur deux, silence. Je me recentre alors, je fais le point, je m'identifie à nouveau et je me dis que chiotte, c'est pas drôle la solitude.
Bien sûr je m'occupe, et même plutôt bien. Je vois très souvent mes amis, mes activités pros et persos me permettent de faire de chouettes connaissances, je me sociabilise en tant qu'Etre et plus uniquement à travers mon utérus.

Seulement dès lors que j'expose mon statut de supra mummy solo, je m'expose toujours à la même réflexion, semi encourageante, semi "t'avises pas de te plaindre!":

"tu as deux beaux enfants en bonne santé".

Wait, laisse moi me taper la tête contre le mur d'en face là, hum...

Voilà c'est fait, je peux te sortir mon plus joli sourire jaune parce que..

---

- J'ai deux yeux pour m'émerveiller de tout ce qui m'entoure, sans être obnubilée par les seuls progrès de mes propres petits aventuriers.

- J'ai deux gambettes pour parcourir le monde, expérimenter l'inconnu, découvrir des coutumes, des endroits, des gens, français, étrangers, différents, envoûtants, passionnants, courir à toute allure jusqu'à m'essoufler de vivre, danser jusqu'à épuisement et me réjouir d'être sur pieds et sur Terre.

- J'ai deux oreilles pour m'enrichir du vécu des autres, des opinions différentes, pour m'emplir de musique, m'enivrer d'un air, d'une parole, d'un rythme qui me transporte et se décharge dans chacun de mes membres.

- J'ai une bouche pour l'ouvrir, ne surtout pas me taire, laisser mon avis et en débattre quand il le faut, une bouche pour chanter même si cest parfois faux, la même pour sortir ma tendresse à tout ceux que j'aime inconditionnellement. Une bouche pour embrasser mes proches et effleurer celle de quelqu'un qui pourrait, rien que par son souffle sur mes lèvres, m'entraîner dans un étourdissement inexplicable.

- J'ai deux bras pour serrer fort contre moi, et m'engouffrer à mon tour au milieu de bras protecteurs.

--

J'ai tout ça, et bien d'autres choses, d'autres envies et d'autres rêves, des ambitions qui débordent et de la passion à revendre.
Des envies de voyages, de rencontres, d'écriture, de paysages, d'ici, de là bas, de rôles, de folie, d'être moi à chaque minute et en chaque circonstance.

Envie de conserver ma jeunesse, mon innocence et battre au rythme de chaque pulsation, idéaliser, garder mon imaginaire, un soupçon d'insouciance, même si elle m'a déjà value quelques fêlures et désillusions.

L'aventure est plus belle lorsqu'elle est partagée. Au bout de chaque main un enfant, mais à l'horizon toute une vie à construire.

Auprès d'eux, plus haut je m'élève.

Sans eux, je SUIS.

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