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Mon côté de la barrière
30 mars 2018

Le syndrome de la page blanche

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Le titre, je l’ai depuis des semaines en tête. A mesure que le dernier article s’éloignait, le blog prenait la poussière et moi avec.

Parce qu’il y avait du tout frais par-dessus, mais du tout vierge aussi. J’ai obtenu le diplôme que j’attendais après un an de reconversion professionnelle, il ne me restait qu’à compléter les cases. Une bonne dose de petits contrats, un CDI à suivre et les projets familiaux en route.

Hop, comme dans les films. Le ptit cœur sur le point final. Happy end.

Mais non en fait. Déjà parce que c’était pas la fin, justement. Je me suis retrouvée là, face à cette nouvelle vie pro que j’étais entrain de me tricoter, telle une gamine qui se retrouve à devoir aller acheter le pain pour la première fois.

Alors j’ai retardé un peu, parce que c’était confort. Déjà l’excuse des fêtes. Après tout j’avais bien mérité quelques vacances. Puis passer la seconde, sonner à des portes et leur dire « salut, bon voilà maintenant il paraît que je suis qualifiée alors je vais te montrer toutes les roulades avant et cabrioles que je suis capable de faire ! »

Sauf que, nom d’une barre asymétrique, j’me suis pas échauffée avant !  

Un peu de magnésie sur les mains et j’ai commencé à faire mes premiers enchainements.

Et puis là derrière, je m’étais pas préparée à devoir faire face à un horizon encore plus nouveau et complètement anxiogène.

Je n’avais pas envisagé que j’allais devoir écrire sur cette nouvelle page blanche les premières lignes de ma vie sans lui...

Cette fois il n'est plus question de simple confrontation aux employeurs.

Il est question de comptes à me rendre à moi-même, d'une rétrospective sur le passé en même temps que la perspective de trouver un travail.

Je te jure pourtant qu'il y avait vraiment du beau, du fort, c’était d’une puissance folle. C’était du Disneyland Paris, du Parc Astérix, du cœur soulevé, une nouvelle série Netflix de laquelle t’es incapable de décrocher parce que chaque nouvelle saison te passionne un peu plus.

De lui, du moi, de la volonté d’engloutir tout ce qu’il y avait autour de nous. Du très grand, du très bas. C'était en vouloir à l’autre, s'en vouloir à soi, s'éloigner de soi. Amour qui ébouillante, fait fondre, fondre le cœur et fondre les énergies de chacun.

Cette page blanche, c’est aussi accepter. Qu’aussi fort que je puisse l’aimer encore, nous soyons obligés de nous lâcher la main. Parce qu’au lieu de s’accompagner on s’enchaîne et qu’à force de vouloir détendre les menottes on se brise les poignets.

Peut-être que je fais un peu trop de métaphore pour exprimer l’inexprimable. Parce que je me rends à l’évidence, je n’ai jamais connu un tel raz-de-marée au fond de moi.

La souffrance viscérale ressentie chaque nouveau matin post rupture m’est familière. Mais cette fois la grande différence c’est tout le paradoxe du cœur et de la raison.

Le cœur dégueule tellement qu’il déverse de la peine dans tous mes membres. J’ai mal dedans, j’ai mal dehors, de la barre transversale qui me coupe l’oxygène à la boule en travers de mon œsophage qui m’empêche de manger.

La raison me dit que je suis une putain de combattante. Et je le sais, je vais m’en sortir. Par la porte, par la fenêtre, par tout ce que je suis encore capable de donner.

Alors j’accepte les phases de mes journées. Me réveiller et réaliser encore que ce n’était pas un mauvais rêve. M’obliger à me préparer, à me maquiller, chialer parce qu’un seul petit détail à la con me refait penser à lui à n’importe quel moment. Enlever rapidement les photos, supprimer tous les contacts entre nous, les réseaux sociaux pour ne pas être poignardée à chaque fois que je serai confrontée à sa nouvelle vie sans moi.

Sourire, être déterminée, puis entendre une chanson, voir un détail familier dans une rue, une anecdote qui nous appartenait, entendre un seul mot, se faire attaquer par un souvenir qui surgit de nulle part. Trouver amusant quelquechose qui nous fait penser à lui, avoir envie de prendre son téléphone pour le lui raconter. Puis se dire que non, à lui on ne racontera plus rien. 

Là tu appelles tes amis et en un rien de temps qu'il ne faut pour leur dire, t'es invitée à un repas improvisé, t'as des attentions, des messages, tu ris de bon cœur, tu lâches le trop plein d'eau qu'il y a en toi, tu continues à foncer dans les pistes de travail. Un appel à soirée? Tu fonces. Tu réalises que t'es happy de revoir certaines personnes. tu vois d'autres visages. Tu parles. tu existes encore.

Réaliser qu’il y a parfois des moments un peu plus légers, où la respiration reprend naturellement. 

Est-ce que c’est pour ça qu’on appelle ça un second souffle ? Se mettre en apnée quelques temps pour mieux reprendre sa respiration et s’emplir de la vie à pleins poumons ?

J’aurais tant à écrire sur cette étrange association de violence douloureuse démesurée en soi à la volonté de fer de se donner les moyens d’être encore heureux.

C’est sur un article de blog intitulé « le syndrome de la page blanche » que j’aurais finalement le plus à raconter. 

Alors je vais m’arrêter là pour cette fois. M’arrêter comme je pose le point final sur notre histoire.

Je te cache pas que je pleure. Je te cache pas que j’ai l’impression de lui redire au revoir. Je te cache pas que je réalise parfois très bien, parfois pas du tout.

Mais je te cache pas que je serai forte. Je m’en suis fait la promesse.

Parce que j’ai encore tellement de pages à écrire.

--

Ps: j'ai cherché une photo pour illustrer. Et puis je me suis dit que j'avais envie de m'aimer un peu au milieu de tout ça, me faire un câlin à moi toute seule.

Alors voilà, c'est moi sans filtre, sur une photo que je trouve jolie. Simplement.

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