L'Après
Week-end familial. Dispute. Contrôle technique. Courses. Les vacances sont réservées. Dispute. Dispute. Chouette journée au zoo. Les petits ont été émerveillés. Dispute. Pleurs. Questions. Il m'aime. Moi aussi je crois. On va s'en sortir. Dans un mois c'est notre anniversaire. Son cadeau est trouvé. On regarde quoi ce soir à la télé? Dispute. Cris. Les enfants ont peur. Il faut que je prenne l'air. Il va falloir qu'on s'en sorte. Je t'aime. Est-ce que ça sonne faux? J'ai vu mes amis, ça m'a fait du bien. Les enfants sont chez mes parents. Cette soirée au resto nous sera bénéfique. Je crois qu'on s'en sort. Dispute. Dispute. Dispute. Non on ne s'en sort pas.
Silence. Arrêt.
Il faut que JE m'en sorte.
Et puis l'après.
J'ai l'impression d'être sonnée.
C'est vrai ce qui m'arrive? Le livre est terminé sans une fin heureuse?
Je me retrouve face à ma nouvelle histoire, face à une première page blanche.
Et désormais je dois l'écrire seule, sans connaître les personnages que je rencontrerai, les rebondissements, sans m'imaginer à quel point certaines pages seront pleines de ratures et de tâches d'encre.
J'ai jamais écrit de bouquin toute seule, jusqu'alors nous étions deux auteurs.
J'ai imaginé tant de fois la suite de ma vie. Pourtant les chapitres ont été plus complexes que je ne l'espérais. J'ai écrit, gommé, et recommencé.
Il y a toujours cet "après". Celui qui te fait sourire, te fait espérer, grandir, parce que c'est toi qui te lance, sans filet, dans l'écriture de ce qui sera ton oeuvre. C'est celui qui fait peur, qui fait douter. Tu ne sais plus. Tu veux t'arrêter d'écrire, jeter ta plume, tu te fatigues.
Et puis il faut reprendre, parce qu'ils sont tous les deux au coeur de ton histoire. Il va falloir les faire évoluer, les guider au fil des pages. Tu n'as pas le droit de flancher. Tes deux personnages principaux tu les as créés, en chair et en os, même s'ils se retrouvent tous les deux désormais dans deux biographies différentes.
Et il y a toi. Et ce que tu as envie de donner.
Il y a toi. Et ce que tu mérites enfin de recevoir.
Tu doutes, tu te casses la gueule. Des rencontres sont au coeur de certains mauvais paragraphes. Tu tournes la page. Et tu gardes en tête tout ça. S'il le faut, tu relis certains passages, en guise de souvenirs, en guise de leçons aussi. C'est à ça que te sert ton livre.
Tu gardes le premier dans un coin de ton tiroir, et le nouveau toujours sous le bras. Il te porte, t'emporte, vers l'après, vers l'inconnu parfois fait de désillusions mais surtout gage de promesses.
Je m'en suis sortie. J'ai transformé l'héroine un peu terne du premier volet de ma vie en une héroine tenace et accomplie.
Il fait flipper ce nouveau roman. Je n'affirmerai pas qu'il m'inspire tous les jours. Mais il m'a liberée. Et il me libère chaque jour un peu plus.
Il était une fois, une maman qui avait décidé d'être heureuse.
Pas de cheval blanc, de baguette magique ou de princesse endormie.
Juste une femme sur son destrier Citroën qui parcourt la ville entre son boulot, les devoirs et la natation.
Et qui, dans son grand tintamarre, s'offre le luxe de rire aux éclats, de découvrir, de contempler, de partager, de vibrer, de s'écouter, de pleurer, d'être folle, battante, aimante, imaginative, désordonnée, curieuse....
Une femme avec une plume, une plume pour écrire, la même pour s'envoler.
Il était une fois. Ma vie. La vraie cette fois.