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Mon côté de la barrière
22 avril 2016

Leur dire

Hong-Kong-Ballet-3

Dis leur ma poupée combien je t'ai espérée, combien tu es née, au sommet de mes pensées, combien avant même que tu ne prennes vie dans mon corps tu prenais vie dans chaque recoin de tout mon être.

Dis leur combien je t'ai ressentie, combien tu emplissais mon ventre, mon esprit, mon existence, combien tu as complété mon identité, combien tu as donné sens à tout ce qui m'entourais, à cet instant, à l'instant même où j'ai su que tu avais pris place.

Dis leur combien je t'ai contemplée, petit être bouleversant, combien ton regard croisant le mien faisait exploser le noyau de ma Terre, combien plus aucun élément existant n'égalait la beauté de tes minuscules petits membres.

Dis leur combien je t'ai aimée, combien j'ai aimé ton frère, depuis la nuit des temps, combien d'aussi loin que je me souvienne je vous gardais à l'intérieur depuis toujours. Dites leur mes bébés, combien le mot "Amour" ne définit même pas l'ampleur des sentiments que j'ai pour vous.

Dites leur combien je ne me lasse de vous voir rire ensemble et à quel point je suis fière de votre complicité.

Et puis combien j'aimerais immortaliser certains moments trop furtifs tant ils sont source de plénitude. De vous voir vivre, penser, parler, explorer, apprivoiser, ressentir, partager, avoir des émotions quelles qu'elles soient.

Dites leur que j'essaye, du haut de mes deux petites jambes de maman, de gérer au mieux tout ce bric à brac. Que le temps défile à tel point que j'ai le sentiment de passer à côté de tout ce qui est précieux. Que j'essaye de me décupler, d'être auprès de vous, puis auprès d'eux, auprès d'elle ou auprès de lui. Que j'ai l'impression d'être partout et nulle part à la fois. 

Dites leur que je m'excuse, que je fais tout mon possible. Que parfois aussi j'ai envie de penser à moi, un peu. 

Que je me garde une parcelle, pour ne pas m'oublier, pour ne plus m'oublier.

Que j'ai trop souvent des cernes, creusées par le temps passé à attraper le bonheur au lieu de me reposer.

Je danse avec vous, avec les gens que j'aime, j'accélère le rythme, je virevolte et j'ai la tête qui tourne.

Et puis je me pose, j'enlève mon tutu, mes ballerines, je masse mes pieds endoloris et je me demande si j'ai aussi le droit de me laisser bercer un peu au lieu de toujours porter sur mes épaules.

La musique s'éteint, il n'y a plus un bruit, plus un mouvement. Je me sens engourdie, peut-être un peu fragile. Je ferme les yeux, j'inspire, je me laisse m'envoler, divaguer, des envies d'ici et d'ailleurs.

Prévenez les que parfois ça arrive, puis que le ballet reprend. Menton haut et fière allure, que je vais de l'avant et que je me donne à fond.

S'il vous plait, simplement, allez leur dire.

Leur dire que je fais de mon mieux.

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